CENTRE DE RESSOURCES FIA.VO.TA
TULÉAR -MADAGASCAR
Tuléar
Le centre de ressources FIA.VO.TA
Fraîchement arrivées de Tananarive (Tana), nous sommes accueillies pendant un mois par l'équipe du centre de ressources de FIA.VO.TA, en cours d'ouverture...
Ce lieu de formation se compose de deux ateliers et d'un centre de documentation.
Le premier atelier concerne les métiers du bois et le second forme aux métiers de l'agro-alimentaire et particulièrement à la transformation des fruits et légumes locaux.
Nous proposons de travailler sur la valorisation des produits issus de ce second atelier, et en particulier des confitures.
Une réunion est organisée par Léa, la directrice du centre, avec les artisans inscrits pour les futures formations. Nous proposons d'y associer des artisans implantés localement mais issus d'autres filières (vannerie, broderie).
A cette occasion nous présentons le but de notre intervention (travail sur le pakaging des produits issus de la transformation des fruits et légumes), et rencontrons les personnes et groupement d'artisans susceptibles de travailler en collaboration avec le centre pour la réalisation d'éventuels prototypes d'emballages.
Or la priorité du centre à ce moment-là est, avant tout, la mise au point du matériel et des machines afin de recevoir les artisans pour les formations pratiques. Du fait de l'absence de formation dans les ateliers nous ne pouvons travailler avec la production du centre. Nous décidons de travailler en parallèle du centre, tout en y faisant des réunions régulières afin d'impliquer l'équipe du centre à notre recherche.
Les rencontres, les artisans.
Nous nous intéressons au potentiel que présente Tuléar et sa région du point de vue avant tout des savoir-faire et des matériaux disponibles afin de proposer un pakaging fort de l'identité de Tuléar.
Pour cela nous rencontrons des acteurs de différentes filières de l'artisanat :
- Les personnes concernées par les formations du centre destinées à produire confitures, pâtes de fruits, sirops, et autres produits dérivés de la transformation des fruits et légumes poussant dans la région,
- Lando, brodeuse faisant partie d'une association,
- Un groupement de femmes dont la présidente est Mme Brigitte et réalisant des produits en vannerie,
- Mr.César, artisan travaillant le bois sacré de Tuléar et le bois faraftsy (bois très léger type Balsa) pour la réalisation de boîtes typiques de la région.
C'est grâce à eux que nous pourrons réaliser l'ensemble des prototypes.
Les matériaux .
De la même manière, nous choisissons de travailler à partir de matériaux locaux, naturels, et facilement exploitables, afin d'éviter de faire venir de Tana quoi que se soit pour, entre autre, limiter les frais d'acheminement.
Notre objectif est d'aller chercher dans les ressources locales des matériaux inexploités et inhabituellement utilisés dans le pakaging en général, afin d'en faire des produits nouveaux et originaux, porteurs de l'identité de Tuléar.
De même nous cherchons des matériaux à récupérer soi-même. Ainsi nous nous orientons vers la fibre de cocotier, le satra, tressé ou non, le raphia naturel, le soga (tissu beige), la fibre de noix de coco et de petits éléments décoratifs comme les graines et les coquillages.
L'ensemble appartenant à une même gamme de couleurs naturelles.
La fibre de cocotier par exemple présente des qualités plastiques que nous avons souhaité valoriser.
La fibre de cocotier
Le satra
Le satra tressé
Les propositions.
L'objectif est avant tout de montrer aux artisans que les ressources dont ils disposent, les savoirs-faire qu'ils maîtrisent et le fait de travailler ensemble leur permet de réaliser une très grande diversité de produits.
Nous faisons différentes propositions afin que, une fois notre mission terminée, les artisans puissent s'approprier et interpréter ce travail, pour en faire quelque chose qui leur ressemble, qui leur appartient et qui porte l'identité de leur région (dans l'idéal, sans en faire une reproduction à l'identique..).
Pour harmoniser l'ensemble des propositions nous cherchons une identité forte pour la production du centre.
Nous proposons donc :
- l'utilisation d'un tampon à apposer sur les étiquettes, comme un label de qualité,
- un livret illustré d'une aquarelle, décrivant le produit et sa composition,
- une harmonie colorée identitaire de la région de Tuléar (sable, terre, ocre, brun, ...).
Le livret
Les pots simples.
La première série de propositions est une gamme de pakagings relativement simple.
Sur le pot de confiture, une étiquette contenant les informations indispensables : nom du produit, contenance, composition, date limite de consommation, et coordonnées du centre.
Sur cette étiquette est apposé le label de qualité "SAVEURS DE FIAVOTA", garantissant ainsi la provenance du produit.
Nous choisissons dans un premier temps d'intervenir sur le pot en laissant la couleur de la confiture apparente. Nous habillons le pot d'un “chapeau“ en matériaux naturels.
Les broderies sont faites avec des matériaux non utilisés pour cela habituellement, ainsi nous confrontons un savoir-faire à une nouvelle matière première :
- broderie en fibre de noix de coco sur soga,
- broderie en coton de couleur sur fibre de cocotier,
- broderie en fibre de satra sur soga.
Les pots emballés.
Nous proposons ensuite une série d'emballages plus complexes mettant en valeur non seulement le produit mais aussi le savoir-faire artisanal et local.
Nous travaillons avec Mme Brigitte (vannerie) pour les emballages tressés, et Lando pour les broderies.
Nous avons choisi des systèmes de fermetures simples : couture, lien à nouer, boutonnage pour lesquels nous utilisons essentiellement des graines.
Le livret est ici indispensable puisque c'est lui qui raconte le contenu du produit. C'est pour cela que nous avons voulu l'illustrer d'un dessin en couleur représentant le fruit dont il s'agit.
Nous créons avec eux une “bibliothèque“ d'aquarelles de chacun des fruits et légumes susceptibles d'être utilisés pour la production du centre.
Tout au long de notre séjour à Tuléar nous avons tenté d'impliquer l'équipe du centre au maximum, parfois avec difficulté...
En effet l'équipe sur place semblait assez surprise de notre manière de fonctionner et assez sceptique quand à la possibilité de faire collaborer les artisans entre eux.
Et pourtant chaque rendez-vous, chaque rencontre donnait naissance à des échanges très créatifs et très enthousiastes.
La principale difficulté que nous avons rencontré était l'absence d'esprit critique quand aux propositions faites.
Nous avons pensé que c'était lié au sujet choisi, à savoir les problématique de packaging, qui sont quasi inexistantes à Madagascar et d'autant plus dans cette région moins développée économiquement.
Nous quittons donc Tuléar, riches de cette expérience, de ces rencontres et de ces premiers résultats qui nous permettrons une plus grande réactivité dans notre mission à Diégo-Suarez.