ATELIER DE CÉRAMIQUE FÈS - MAROC
Été 2002, ma toute première rencontre avec la terre…
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Au cours de mes études de design, il m’a été proposé de réfléchir sur un sujet autour de la céramique.
L’occasion pour moi de visiter les Ateliers de fabrication de la Cité de la Céramique à Sèvres et de la manufacture de porcelaine Bernardaud à Limoges.
Pour clôturer cette étude, j’ai eu l’opportunité de m’immerger dans l’univers de la fabrication de pièces en céramique à Fès au Maroc.
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La Coopérative Artisanale des Patrons Potiers de Fès m’a donc accueillie plusieurs jours, accompagnée de quelques camarades.
Préparation de la terre, tournage, coulage, séchage, première cuisson, pose du décor, deuxième cuisson, j’ai pu observer l’ensemble des étapes de réalisations de nombreux objets artisanaux vendus sur les marchés locaux et exportés.
Malheureusement, cette coopérative, comme de nombreuses autres, n’est plus si traditionnelle que ça…
En effet, l'argile n'est plus d'origine locale, mais bien importée de France ou d'Angleterre, afin d'avoir une terre plus blanche et pure.
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Les pigments sont aujourd’hui industriels : le célèbre bleu (de cobalt) qui a fait la renommée des céramiques de Fès, mais aussi bien d'autres couleurs.
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Seuls les décors de formes géométriques d'inspiration orientale, entièrement réalisés à la main, permettent d'identifier la spécialité originale locale.
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Et concernant la cuisson, les fours à gaz ou électriques prennent petit-à-petit le dessus sur les fours à bois d’oliviers traditionnels.
En effet, au delà des fortes fumées noires émises par ces derniers, le traitement des déchets d’olives et autres combustibles devient un vrai problème de société.
Tôt ou tard, les poteries devront déménager et s'éloigner de la ville.
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Cela dit , le savoir-faire est bien là!
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La dextérité de ces hommes, femmes (et enfants…) est impressionnante. leur envie de transmettre et de partager est aussi bien réelle.
Après une attentive observation de chaque poste de travail, technique et procédé de fabrication, je pense un objet que je fabriquerai avec l’aide des artisans.
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Me voilà en train d’imaginer un objet né de la confrontation de deux cultures …
Je puise ça et là des éléments différents : références à des objets très traditionnels (plat à tajine, lampe à huile) et à un savoir-faire ancestral pour le Maroc, et références à la finesse d’objets décoratifs et motifs fins et simples pour la France.
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Il s’agit donc un objet métisse, hybride, singulier, porteur de sens, et qui raconte l’histoire de sa naissance !